samedi 22 août 2009

Sylvéa, le musée du bois de Revel

Au fil de mes pérégrinations webesques du vendredi après midi, comme tout informaticien qui se respecte, j'ai découvert un musée du bois semblant à proximité de la ville rose qui me sert de voisine.

Quelle ne fut pas ma surprise, en parcourant les quelques pages du site, de découvrir qu'une école des métiers artistiques (notamment du bois) existait également en cette jolie ville du sud ouest qu'est Revel. Mes recherches sur les formations afférentes aux métiers du bois n'ont pas été si efficaces que ça il faut croire, car je n'ai pas réussi à trouver de formation à moins de 400 km !!! Il va décidément falloir revoir tout ça.

Ainsi donc ce samedi j'ai sauté du lit à l'aube (ou presque), il était 10h.
Pas besoin de réveil quand on se lève pour une passion, mais un peu d'aide ne fait pas de mal. Voici donc, à peu de choses près, comment je fus réveillé :



Un café, un saut sur google map, un rapide dessin de la route à suivre sur une feuille blanche (1h15 quand même), et je parti à l'aventure sur mon fidèle destrier, ma belle 600 Fazer bleu. Comme disent les vieux motards (que jamais !) : 98 chevaux dans le moteur, et un âne au guidon !

Me voici donc à la porte du musée.
Bien évidement, ceux qui me connaissent s'en doutent déjà, les portes son closes, et la grille baissée telle une porte de prison médiévale. La déception est de taille.

Ayant plus d'un tour dans mon sac, je décide de me promener dans le centre ville et j'en profite pour admirer les magnifiques charpentes de la place principale du village :



Après un kebab et une bière bien fraiche, ainsi qu'un café salvateur après un départ si matinal, et passé le choc de la disparition de mon cuir ( papiers et clefs inclus ) lors de ma pause pissou, je retrouve la sérénité quand la taulière me rend le blouson qu'elle a soigneusement caché derrière son rade pensant que quelque étourdi l'avait oublié là.

Je me met donc en ordre de marche pour rentrer au bercail et m'imagine en train de débuter le tenonage de mon repose pied ( patience, un jour je vous expliquerai ).
C'est sur le chemin du retour vers ma machine que je découvris le musée ouvert. La chance me sourit !
Le jeune homme à l'accueil m'indique qu'exceptionnellement aujourd'hui l'entrée est à moitié prix. Là, je doit me rendre à l'évidence, les dieux pavent mon chemin vers cette nouvelle vie !

L'accueil du musée est du plus bel effet, puisqu'on on y vois une réalisation des Compagnons du Devoir représentant la bâtisse du marché de Revel :



La réalisation de la ferme est saisissante (contrairement à la performance du photographe ) :



Le musée se poursuit avec quelques présentation sur la structure du bois, sur l'état des forêts. On peut apercevoir déjà plusieurs plaquettes réalisées en différentes essences :



J'ai dans l'idée de vous rédiger un post décrivant les essences, mais après cette visite et quelques recherches, cela me parait tout bonnement impossible tant les variétés sont nombreuses. J'en ferai surement une liste comportant les plus connues ou les plus utilisées ...

Les outils des anciens sont également présentés :



Compas, guillaume et scie à chantourner rappellent un temps lointain ou l'homme fabriquait lui même ses outils avant de s'en servir pour fabriquer d'autres choses. Ces quelques reliques ne sont plus trop utilisées de nos jours.
Pourtant, certains sont resté, telle la bisaïgue de charpentier (grande barre métallique à droite de la structure).
Celle ci est formée à une extrémité d'un ciseau à bois, et à l'autre d'une bédane, qui comme vous le savez surement, sert à creuser les mortaises !

Bon, c'est promis, le prochain post sera consacré aux définitions et images d'outils ou de techniques. Je le mettrai à jour au fur et à mesure que de nouveau sujets seront abordés.

La petite structure en bas à droite mérite notre attention :


Vous pouvez noter la précision des emboitements lorsque les pièces se croisent.
Un autre détail crucial, plus visible sur l'image suivante, est que cet assemblage n'est pas collé, ou clouté, mais bien chevillé ! Les chevilles ont l'épaisseur d'une demi allumette environ !




Voici un établis ancien de menuisier à gauche et un de tourneur à droite :



Un peu plus loin ,une nouvelle réalisation magnifique des compagnons :


La suite m'a permis de découvrir une discipline que je ne connaissais pas : la marqueterie. Cela pourrait être comparé à du patchwork de bois, ou alors pour ceux qui ne connaissent pas non plus ... du puzzle !

L'objectif est de réaliser des motifs très détaillés à partir de portion de bois très fines, qui sont au préalables dessinées, découpées et assemblées par collage.
Voici un exemple de commode ancienne pour se rendre compte de la précision du travail :



Les différences de couleurs sont dues à divers choix d'essences de bois, ou bien d'autre matériaux, comme la nacre, les coquillages, le métal, etc ...

Voici une vue complète de ce que donne un travail de marqueterie à l'ancienne :



J'ai pu découvrir ensuite la magie de l'art artisanal à travers des pièces issues de travail de menuiserie associé à de la marqueterie. Je vous laisse découvrir ces réalisations :



Voici le détail du contours de l'oeil :


D'autre réalisations qui me plaisent beaucoup:











Enfin, je terminerai avec une très belle lampe qui a beaucoup plus à ma chère et tendre. Peut être une future réalisation pour moi donc ...





Voici donc la fin de la visite qui approche.
Le site Internet étant en cours de migration, voici le meilleur lien que j'ai trouvé si vous souhaitez visiter cette magnifique exposition :
http://pmart.fr/#app=c4f1&b4da-selectedIndex=3&3d1f-selectedIndex=2&4eae-selectedIndex=3

En guise de bilan, je constate avec effroi que mes photos ne rendent pas hommage au travail réalisé, et je me rends compte que la cruelle réalité me rattrape : je vais devoir m'abandonner une fois de plus à la société de consommation afin d'acquérir un appareil photo plus respectueux du travail artisanal.

J'ai emporté avec moi quelques brochures de l'Institut des Métiers de l'Art et de l'Artisanat d'art (IMARA).
Cet institut propose des stages et des formations, courtes ou longues, voir même diplomates.

J'ai noté, parmi les formations proposées, plusieurs activités qui pourraient m'aider à avancer sur le chemin :
- l'ébénisterie (reconnaissance des essences, ponçage, raclage, mise en teinte, vernis) sur 5 jours
- ferronnerie d'art (appréhension feu de la forge, outils de base, manipulation de fer à chaud, marteau / fer / enclume, ...) sur 5 jours également
- sculpture sur bois (taille directe, motifs floraux, volutes, cartouches, affutage, ...) sur 5 jours
- taille de pierre (initiation, réalisation d'un blason, d'une colonne ou d'un bénitier )

Même si l'artisanat d'art n'est pas la voie que je privilégie aujourd'hui, nul doute que ces expériences seraient utiles pour apporter une touche humaine et artistique à un gros œuvre. Et puis ma culture et mon expérience du domaine étant ce qu'elles sont pour l'instant, je suis enclin à penser que toute approche est bonne à prendre.

Je vais donc bientôt contacter la responsable de ce centre. Elle pourra surement m'indiquer plus précisément les voies possibles pour suivre, et aider à financer ces stages, notamment grâce au droit individuel à la formation (DIF).

Chaque nouveau pas m'amène à voir des paysages et des chemins dont je ne soupçonnais pas l'existence. La route qui défile est parée d'une multitude d'embranchements et de détours, et chacun me semble interessant à visiter.

Peut être aussi est ce là la magie d'une passion : l'intarissable envie de découvertes sur domaine qui s'étend au fur et à mesure qu'on le parcourt.
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lundi 10 août 2009

Sur les bancs de l'école

Et si le chemin que je m'apprête à emprunter passait par les bancs de l'école ?
Et oui, quel meilleur endroit pour apprendre !

Voilà bien une idée à creuser. En effet, si l'auto formation et les stages sont un excellent moyen de découvrir le milieu, ils risquent de peser bien léger dans la balance si par aventure je devais convaincre un client que je suis l'homme qu'il lui faut pour réaliser ici un meuble, là une charpente, et que sais-je encore ...

Quels diplômes existent donc dans ces métiers du bois ? Voyons ensembles ce que propose l'école supérieure du bois.

Pour les chanceux qui pratiquent déjà le métier, la formation continue, ainsi que la Validation des Acquis de l'Expérience (VAE) permettent de se remettre à niveau, ou bien d'obtenir un diplôme en se basant sur les compétences mises en œuvre dans leur carrière. Cela ne me concerne donc pas, ou pas encore tout du moins ...

Je passe la case CAP, BEP, etc. qui ne me semblent pas pertinentes pour un ingénieur trentenaire, la seule perspective de retourner à l'école avec la génération Star Cacadémie étant suffisamment effrayante en soi.

A un niveau bac +2, il existe 3 BTS dans cet établissement, ouvrant des voies diverses :

- Choisir de vendre le matériau bois : BTS Technico-commercial Option Bois et Dérivés
- Concevoir avec le Bois : BTS Systèmes Constructifs Bois et Habitat (SCBH)
- Produire avec le bois : BTS Productique Bois, option Production et Gestion Industrielle (B)

Ici, les chemins commencent à se diviser, mais certains sont d'office bannis car si j'ai l'âme d'un artisan, je n'ai absolument pas l'envie de devenir marchand de tapis, les commerciaux étant très bien classés sur le podium des raisons me poussant à fuir mon métier !

La production me rappelle quand à elle un peu trop la volonté omniprésente d'augmenter rendement, cadence et productivité. Cette course au gain en dépits de la qualité a elle aussi fait une belle course au podium ...

La conception de systèmes de construction semble être une belle voie, nécessitant à la fois l'écoute des besoins d'un client, la maitrise des techniques et des sciences, et l'imagination permettant d'apporter une réponse à la fois pertinente et originale. Oui assurément, cette voie me plait bien.

La liste est encore longue :
- Licence professionnelle "Construction Bois"en partenariat avec l’Université de Nantes.
- Licence professionnelle "Attaché Technico-commercial bois" en partenariat avec l’IUT de St Nazaire .

Le mastère « Composites Biosourcés : Innovation et Ecoconception », qui a lui pour but de former des cadres de haut niveau dans le domaine des matériaux composites innovants prenant en compte les enjeux du développement durable.
A 9000 € l'année, effectivement, c'est du très haut niveau certainement ... Très peu pour moi.

Enfin, cette école délivre la formation d'ingénieur (4000€ l'année quand même) donnant accès à toute la palette des métiers de l'ingénieur, mais avec une spécialisation dans les domaine du bois.
Étant moi même ingénieur, je prends avec de très grosses pincettes l'idée de pouvoir changer de domaine si simplement.
Voici néanmoins, pour se faire une idée, la répartition par secteur d'activité de la promo 2007 :




Observons rapidement sur l'Ecole nationale supérieure des technlologies et industries du bois (ENSTIB) qui permet de devenir Ingénieur , mais aussi de passer différents Masters :
- architecture bois construction
- recherche science du bois et des fibres
- construction et hautes études des structures bois

N'ayant pas vraiment d'idée sur ce qu'est un master, j'ai fait l'erreur de jeter un œil sur l'ami Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Master_(France) .
La lecture de plus d'un chapitre sur le sujet risquant d'altérer votre santé mentale ainsi que votre confiance dans le système éducatif, je vous le déconseille.

Rajoutons à cela un doctorat ou des diplômes d'enseignants (IUFM) qui termine de m'éloigner totalement de la douce image de petit menuisier qui me faisait rêver.

En résumé, un petit rappel sur le système de diplôme français:






Que dire pour conclure ce long post ? Déjà que mes lecteurs sont bien courageux si ils ont réussi à me lire jusqu'ici !

Ensuite, que les voies sont multiples, et que mon diplôme d'ingénieur ne sera finalement peut être pas à jeter à la poubelle.
Mes parents que j'embrasse très fort m'en seraient certainement reconnaissants, au vu des sacrifices qu'ils ont fait pour payer mes études. Je ne les remercierai jamais assez.

vIl va falloir maintenant creuser un peu le financement de tout ça, car c'est certainement bien beau de retourner user ses fonds de pantalons sur les bancs de l'école, mais il faudra bien trouver un moyen de subsister pendant ce temps là.

Dans les prochains numéros, nous allons devoir aborder le Droit Individuel à la Formation (DIF), le Fongecif, les bourses, mais également le statu d'auto entrepreneur, qui peut permettre de gagner quelques sous en parallèle d'une formation ou d'un métier.

On abordera aussi la suite de mon petit repose pieds qui n'a pas beaucoup avancé ! ;-)

A la prochaine, compagnons de voyage !

dimanche 2 août 2009

Tout voyage commence par un premier pas

Un voyageur qui sais lire une carte arrivera surement à bon port, mais un voyageur qui ne fait que lire n'ira nulle part !

Ainsi aujourd'hui, je vais vous parler non pas des métiers du bois et de vocabulaire obscur, mais de ma première réalisation d'ébénisterie qui je l'espère sera un pas initial droit et sûr vers ... le pas suivant, qui me conduira immanquablement vers celui d'après.

Ce premier meuble sera une sort de repose pieds pour mon siège de bureau. Celui-ci s'incline assez en arrière assez bas, et permet de prendre la position idéale de tout informaticien qui se respecte : avachis, quasiment allongé sous le bureau, les yeux affleurant à peine au dessus de la ligne d'horizon du clavier.

Rares sont les montures permettant d'atteindre le nirvana du confort que représente cette position, et ce fauteuil en est.
Pour la petite histoire, il a pris la route de la maison en même temps que le reste de mes affaires alors que je quittait l'un de mes ancien patron. Avoir ensembles vécu dix heures par jours six jours sur sept pendant quelques mois nous a permis de tisser des liens que la simple rupture d'un contrat de travail ne saurait remettre en cause ! :-)

Pourtant, le maintiens de cette position n'est pas évident car le ressort de retour oblige à maintenir une poussée verticale de bas en haut égale au poids du liquide déplacée ou quelque chose comme ça.

Bref, il me fallait un repose pied ! Ainsi, voici les premiers croquis de ce meuble, ainsi que les tracé de découpe de la planche en pin qui me servira de victime :



Ces quelques représentations ne sont pas vraiment des plans de menuiserie, mais elles m'ont permis de réfléchir et de poser quelques mesures un minimum sérieuses pour pouvoir travailler. Un menuisier digne de ce nom aurait réalisé un dessin technique, un plan de découpe et une fiche de débit. J'aborderai surement ces parties dans un avenir proche.
Pour l'instant, la découverte des outils et du travail est un défi qui ne nécessite pas de s'imposer une discipline stricte.

L'étape suivante a été le traçage sur la planche, principalement au compas, puis le découpage dans un environnement organisé, sécurisé, et avec tout l'outillage et l'espace nécessaire comme le montre cette photo :



Le travail n'a pas été de tout repos, et déjà je touche du doigt les subtilités du bois comme le sens de la fibre, que l'on doit travailler dans le sens lorsque c'est possible. Mais dans une découpe en rond point de salut, il faudra passe par tous les angles.
Une lame à chantournage m'aurait facilité la tache dans les courbes, malheureusement je n'en ai pas encore. En vérité, je viens à l'instant de découvrir cette merveille technologique facilitant la découpe à faible rayon. A ajouter sur la liste de courses ...
Les résultats sont donc pour le moins irréguliers.

Qu'importe me dis-je ! Les râpes seront à mes cotés lors des futures batailles. L'avenir montrera que ce n'est pas si simple ...

L'outil principal pour un menuisier, et c'est là la grande conclusion de cette journée, est l'établis. En effet, il n'est pas possible de correctement travailler une pièce qui n'est pas solidement arrimée.
Malheureusement, l'espace est un bien rare dont je ne dispose pas. Pas encore en tout cas, nous recherchons une petite maisonnette qui me permettra d'acquérir ce sésame de la stabilité qu'est un bon établis.

En attendant, force est de constater qu'on fait avec les moyens du bord, et je m'égare à repenser à ce que je disait de mon métier actuel : "J'en ai marre de travailler comme un sagouin pour concurrencer les indiens".

Et voilà à quoi j'en arrive pour quitter ce travail :



Voici donc venu le temps de faire un premier bivouac sur la route. En me retournant je constate que le chemin parcouru est bien court, mais tout de même, j'ai le plaisir d'avoir passé une journée sans regarder ma montre, et ou chaque instant fut agréable.

Le plateau est découpé, ainsi que les deux pieds et la traverse.
Les pieds sont en cours de ... d' ... bref, je suis en train de les limer ( décidément, il va falloir revenir un peu à la littérature du métier ... ) afin qu'ils soient réguliers et identiques sur le contour, ce qui est loin d'être le cas.

Les prochaines étapes seront la fin de l'égalisation des pieds et l'égalisation du tour du plateau.
Ensuite les choses vont devenir intéressante, et se compliquer : découpe des tenons de la pièce transversale, découpe des mortaises associées sur les deux pieds et le plateau, ajustage, collage, serrage et le meuble sera fonctionnel.
Ne vous fatiguez pas sur l'ami google pour chercher ce qu'est une mortaise ou un tenon, je vous raconterai tout ça en temps voulu.
Enfin, pour la décoration, quelques arabesques ou sculptures au ciseau à bois seront certainement une belle manière de finir ce premier travail.

Ainsi s'achève cette première marche. La route se dessine au fur et à mesure que j'avance, et chaque pas me permet d'entrevoir de paysage qu'il me tarde de fouler du pied. La fatigue de la journée me berce, et nul doute que la nuit sera aussi agréable qu'elle est méritée.

Se coucher avec la satisfaction du travail accomplis, et avec l'impatience que le jour se lève pour pouvoir travailler à nouveau. Que rêver de mieux ?