mardi 20 octobre 2009

Venez m'aider, venez apprendre : bienvenue à la maison paille d'olivier :
















C'est par une magnifique journée de début d'automne que j'ai pris la route pour un nouveau chantier participatif, à Dremil Lafarge.

Le paysage magnifique, encore baigné d'un voile de brume matinale, suffit à oublier le difficile réveil matinal de ce samedi matin.

Aujourd'hui, je vais rencontrer Olivier, qui construit sa maison en paille depuis 4 mois environ.

Il a pris le parti de faire appel à des professionnels dans un premier temps afin de réaliser le terrassement, ainsi que le plus gros travail de définition de l'architecture.

La suite du chantier se déroule selon le mode que vous connaissez maintenant bien : le chantier participatif.

Voici donc les premières vues de cette maison :



La face correspondant à l'entrée, avec le nord à gauche ...









... et voilà le mur face sud.




A l'est, le mur est encore en cours de construction comme le montre ce point de vue :









Voici donc une maison de 2 étages, chacun faisant environ 80m² . L'ossature bois entièrement réalisée, et les murs en grande partie montés.

Le travail du jour consistera à continuer l'isolation du toit qui est réalisée en bottes de paille comme il se doit.

Pour y parvenir, des plaques d'OSB on d'abord été posées de manière à recouvrir l'ensemble de la surface du toit.




"Les panneaux OSB ( Oriented Strand Board ) sont des plaques rigides de lamelles de bois orientées "






Ensuite, des poutres en I ( du fait de leur forme ) sont installées parallèlement entre elles, et perpendiculairement au faite du toit, de manière à créer des compartiments dans lesquels seront insérées les bottes de paille en compression.



Voici ici quelques poutres dites "en I" n'ayant pas encore été affectées à leur poste.





Voilà donc pour la théorie. Dans la pratiques, les choses sont légèrement moins ... évidentes disons.

La première étape consiste à découper les bottes de paille à la largeur désirée, 44 cm en ce qui nous concerne. Les bottes sont de largeur variable, allant de 46 à 50 cm environ je pense.

Le découpage doit être relativement précis : une découpe trop étroite, et l'air circule, créant un passage thermique dans l'isolation; une découpe trop large, et la pose de la botte dans son compartiment se transforme en lutte épique entre l'homme et les lois de la physique des matériaux !

Je commençais ainsi ma journée à la découpe.
Quelques allez retours entre le lieu de stockage et le lieu de découpe permettent de s'échauffer les bras. Comme cela tombe bien, car comme nous allons le voir, ceux ci seront mis à rude épreuve, une simple botte pesant dans les 15 kilos !


Ici Olivier me montre la technique (relativement simple) de découpe.






Il faut prendre soin du sens de rotation de la lame, afin d'éjecter les brins plutôt que de les entasser dans le passage, ce qui fait caler la bête.


Les bottes ont un sens, qui l'eut cru ! On s'en rends bien compte lors de la découpe :





Cette photo montre une botte coté "pied" de la paille. On peut y voir les "strilles" des pieds regroupés ensembles.










Celle ci montre le coté tête, avec des brins mélangés et plus souples.








Le coté strillé doit être simplement égalisé, car il est difficile à travailler.
L'autre coté est tendre, et c'est celui qui sera le plus travaillé pour ajuster la largeur de la botte.

Les premières découpes sont longues, car je passe beaucoup de temps à mesurer pour ne pas couper trop court.
C'était très bien fait. Effectivement, je n'ai pas coupé trop court du tout, pas assez même !

En se référent aux problèmes liés à la découpe cités plus haut, vous devinez déjà que les première bottes ont été dures à rentrer !!!

Après quelques ajustements, la technique est mieux maitrisée, et le rythme augmente. C'est assez grisant de voir que l'on progresse, et c'est surtout un plaisir d'avoir un professeur qui donne des consignes, des conseils, puis qui vous laisse voler de vos propres ailes en toute confiance.

Les bottes se taillent six par six, non pas par esprit de rigueur militaire, mais parce que c'est le nombre de botte que l'on peut installer dans la nacelle de la grue qui les élèvera vers leur destination finale.










Voici donc le précieux chargement défiant les lois immuables de la gravité grâce à une merveille technologique : la grue.









Celle ci est sans peut être vieille que moi, et pourtant elle est d'une efficacité redoutable !


Voici la grue utilisée sur le chantier. De la mécanique simple et robuste comme seuls les anciens savaient la faire.






Le moteur "Bernard", démarré grâce à une cordelette enroulée autour du rotor démarre au quart de tour moyennant une énergique traction:




Le moteur entraine uniquement la levée de la charge. Celle ci est embrayée à l'aide d'un simple levier.



La rotation de la flèche une fois chargée se fait grâce à ce volant avec le seul petit doigt malgré les centaines de kilos déplacés !



La descente est pilotée avec précision au frein à main.

Nous voici donc rendus en altitude. Une fois les bottes montées, il faut les placer entre les poutres en I.


Nous voyons ici Olivier en train de positionner le "chausse pied", ou plutôt devrais-je dire le "chausse botte" qui nous permet de rentrer les bottes en compression entre deux poutres.




Vu du faîte du toit (la ligne horizontale la plus haute), voici à quoi ressemble l'emplacement à combler :

Une fois la botte placée, elle doit être tassée verticalement, pour reposer sur le panneau, puis glissée vers le bas de la toiture.

Pour cela on se place comme dans une baignoire et on pousse avec les jambes.


Comme les panneaux OSB sont uniquement cloués, il n'est pas possible d'y marcher. Ainsi, se maintenir dans la baignoire se fait uniquement à la force des bras.
Au début, c'est très amusant, mais à la fin de la journée, c'est épuisant !!!

Ainsi après une journée entière à deux, nous réussîmes à terminer entièrement la façade nord :











Celle ci sera plus tard recouverte d'une couche de pare-pluie, puis recouverte d'un parement.

Quelques découpes de planches et vissages pour le maintiens des bottes en bout de pente cloturèrent cette journée passionnante.

Le bilan est exceptionnel. Un temps magnifique, un auto constructeur qui a vraiment pour but de partager une passion, et de faire découvrir le plus de choses possibles aux participants, et une saine fatigue qui promet de repenser au chantier plusieurs jours après tant les courbatures sont promises à un avenir radieux.

Un des grands plaisir de ce chantier est d'avoir pu en une seule journée participer à tous les postes en jeu : manutentionnaire, découpeur de bottes, de planches, grutier, couvreur, etc ...

Un autre point particulièrement intéressant est que le charpentier qui a réalisé la structure fait partie d'une association qui donne des cours théoriques et pratiques sur le sujet.

Quelque chose me dis que je vous parlerai de cette association d'ici peu !

Voici le blog d'Olivier où vous pourrez suivre la suite de cette aventure humaine :
http://maisonpailledremil.blog.free.fr/index.php?post/2009/10/07/le-toit-Nord-est-maintenant-etanche...-et-isol%C3%A9

Si d'aventure vous passiez du coté de Toulouse, je vous encourage à découvrir ce chantier et cet homme qui resteront assurément gravé dans vos carnets de voyage.

Pour ma part, nul doute que je reviendrai participer, et probablement découvrir les techniques d'enduits des bottes de paille qui devraient bientôt commencer.

La route continue de défiler, et si parfois le temps semble s'arrêter, et le paysage semble se figer, cette impression ne dure pas.
Les futures étapes se rapprochent régulièrement, et les sujets semblent se multiplier à l'infini.

Je pense à mon repose pied qui m'attends sagement, ainsi qu'aux explications des principes de base de charpentes qui déjà sont en préparations, mais également à toutes les pistes que m'ouvrira cette association.

Oui, assurément, plus j'avance dans mon voyage, et plus les chemins s'offrant à moi se révèlent, multiples et entrecroisés.

A bientôt pour en parcourir de nouveaux ensemble !